Le patron des
députés UMP, Christian Jacob, a maintenu, mardi 15 février, ses propos sur Dominique Strauss-Kahn, déplorant les "insultes"proférées selon lui par "deux ou trois nageurs de
compétition en eaux troubles" au Parti socialiste, qui "ont envie de nager dans les caniveaux". "Je n'ai pas le sentiment d'avoir été maladroit. (...) Je ne vois
pas où est le problème de dire (...) que Dominique Strauss-Kahn, pour moi, n'incarne pas le monde rural ni la France des territoires ou des terroirs", a-t-il déclaré à la
presse.
"Je suis un paysan, je le ressens de cette manière et je pense que le monde agricole aussi. On se demande maintenant si on a le droit de parler de Dominique Strauss-Kahn parce qu'on prend des torrents d'insultes", a ajouté le député de la Seine-et-Marne.
"NI PROJET NI IDÉES"
"Si on reprenait l'ensemble des arguments et des petites phrases de mes collègues de gauche à mon égard, c'est moi qui joue petit, honnêtement", a-t-il poursuivi. "La réalité, c'est que le PS aujourd'hui n'a ni projet, ni idées, ni candidat pour les porter. Donc le seul argument, c'est l'insulte, l'injure", a-t-il poursuivi.
Interrogé sur le fait de savoir si le président Nicolas Sarkozy incarnait le monde paysan, il a répondu : "beaucoup mieux". "Il est intervenu sur la régulation des prairies agricoles, des matières premières". Et au PS ? "Objectivement, ça m'embête de lui adresser un compliment, mais j'ai plutôt le sentiment que François Hollande l'incarnerait un peu mieux que Dominique Strauss-Kahn quand même."
ANNÉES 30
Le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), Richard Prasquier, a qualifié quant à lui d'"incroyable maladresse" les propos du président du groupe UMP. "Christian Jacob est un syndicaliste agricole, je comprends qu'il ait un sentiment particulier pour le terroir", a dit Richard Prasquier à l'AFP. "Je n'ai pas de lien particulier avec le terroir, je crois que le président de la République n'en a pas non plus. Le terroir, c'est formidable, c'est magnifique, il ne faut pas pour autant en faire un critère essentiel" d'appartenance à la nation, a-t-il poursuivi.
"Je préfère parler d'une très grande maladresse" plutôt que de faire référence aux discours de l'époque pétainiste et "j'espère que le débat politique va aller
vers d'autres hauteurs", a conclu le président du CRIF. Serge Klarsfeld, président de l'Association des fils et filles de déportés juifs de France, a de son côté
estimé que la déclaration de Christian Jacob rappelaient "fâcheusement celle de Xavier Vallat sur Léon Blum". Xavier Vallat, qui devait devenir commissaire général aux
questions juives sous Vichy, avait regretté la nomination de Léon Blum comme chef du gouvernement déplorant que"la France, vieux pays gallo-romain, soit désormais dirigé par un
juif".
"EXTRÊME MODÉRATION"
Le premier ministre, François Fillon, a dans la journée volé au secours de son ministre. "J'apporte tout mon soutien à Christian", a dit François Fillon lors de la réunion du groupe UMP à l'Assemblée nationale, dans des propos rapportés par des participants. "Ce qu'il a dit est d'une extrême modération par rapport à la facon dont certains à gauche parlent de Dominique Strauss-Kahn", a-t-il jugé, appelant les députés à faire preuve de "beaucoup de sang-froid".
Christian Jacob, un proche de Jean-François Copé, le secrétaire général de l'UMP, avait déclaré sur l'antenne de Radio J, dimanche 13 février, que Dominique Strauss-Kahn, "ce n'est pas l'image de la France, l'image de la France rurale, l'image de la France des terroirs et des territoires, celle qu'on aime bien, la France à laquelle (il est) attaché".